Aux États-Unis aussi, Google va devoir autoriser l’installation de magasins d’applications tiers
Epic wins
En décembre dernier, la justice américaine avait donné raison à Epic Games : Google a abusé de son monopole avec sa boutique d'application. Un juge de de Californie vient d'en tirer les conséquences : l'entreprise qui développe Android va devoir laisser les boutiques tierces prospérer sur son système d'exploitation.
Le 08 octobre à 14h08
4 min
Droit
Droit
Suite à la plainte déposée en 2020 par Epic Games contre Google pour abus de position dominante (une autre du même acabit concerne Apple), le premier a gagné la première manche de la bataille juridique aux États-Unis en décembre 2023. La justice américaine avait reconnu que Google avait abusé de son monopole avec son Play (Store) pour les achats in-app ainsi que pour le système de paiement.
Lundi 7 octobre, le juge californien James Donato a rendu sa conclusion finale [PDF] sur le dossier, en ordonnant à Google d'ouvrir, de façon effective, à la concurrence la possibilité de proposer des boutiques d'applications tierces aux utilisateurs d'Android, et ce pendant trois ans [PDF]. Elle va devoir aussi ouvrir le catalogue d'applications de Google Play à ces nouvelles boutiques, sauf si les développeurs le refusent (en opt-out, donc), explique The Verge.
Huit mois pour permettre à d'autres magasins de se développer
L'injonction de James Donato sera effective à partir du 1ᵉʳ novembre prochain. Le juge donne quand même un délai de huit mois pour implémenter la « technologie nécessaire pour se conformer à cette disposition, et le délai de trois ans commencera à courir dès que la technologie sera pleinement opérationnelle ».
Dès cette date et pour trois ans, Google doit aussi arrêter d'exiger aux développeurs que les paiements in-app se fassent par son système, les laisser communiquer à propos d'autres moyens de paiement y compris en fournissant des liens vers d'autres possibilités, et enfin les laisser fixer leurs propres prix.
Pour éviter toute pression financière ou accord commercial, pendant ces trois années, l'entreprise a interdiction de partager les revenus que génèrent Google Play Store avec d'autres entités (ou personnes) qui distribuent des applications ou qui a déclaré envisager de lancer une plateforme ou un magasin d'application sur Android. Elle ne peut pas non plus payer les développeurs pour une distribution exclusive de leurs applications sur son magasin.
Enfin, concernant ses liens avec les fabricants d'appareil et les opérateurs, elle ne peut pas signer d'accord exclusif pour préinstaller son Play Store ou ne pas préinstaller ceux de ses concurrents.
Google s'appuie sur sa concurrence avec Apple
Comme elle l'avait déjà expliqué en décembre 2023, Google publie de nouveau un argumentaire pour défendre sa volonté de faire appel du verdict. « Ces changements mettraient en péril la vie privée et la sécurité des consommateurs, compliqueraient la tâche des développeurs pour promouvoir leurs applications et réduiraient la concurrence sur les appareils », assure-t-elle.
Elle prend appui sur l'existence d'Apple pour nier qu'elle est en position dominante : « Apple et Google sont en concurrence directe pour les consommateurs : La décision repose sur une conclusion erronée selon laquelle Android est un marché en soi ».
Pour Google, cette décision ne prend pas en compte qu'« Android est ouvert et que Google Play n'est pas le seul moyen d'obtenir des applications ».
Epic heureux
Du côté d'Epic, le CEO s'est tout de suite réjoui d'une « Grande nouvelle ! ». Il conclut de cette décision judiciaire que « l'Epic Games Store et d'autres boutiques d'applications arriveront sur le Google Play Store en 2025 aux États-Unis – sans les écrans effrayants de Google et la taxe de 30 % sur les applications de Google – grâce à la victoire d'Epic contre Google ».
L'entreprise de jeux vidéo a, en parallèle, lancé de nouveau une action en justice en octobre dernier contre Google et Samsung, concernant encore l'utilisation de leur position dominante pour imposer l'utilisation du Google Play Store.
Du côté d'Apple, l'affaire a été scellée en janvier dernier après que la Cour suprême américaine a refusé d’intervenir. Et contrairement à Google, l'entreprise a la Pomme a réussi à s'en sortir sans grand dommage, n'étant obligée qu'à laisser les développeurs communiquer sur les autres possibilités de payer.
Rappelons qu'en Europe, les boutiques d'applications sont maintenant réglementées par le DMA. La commission a déjà recensé plusieurs manquements.
Aux États-Unis aussi, Google va devoir autoriser l’installation de magasins d’applications tiers
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Huit mois pour permettre à d'autres magasins de se développer
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Commentaires (9)
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Abonnez-vousLe 08/10/2024 à 15h36
Ensuite, vu que les stores alternatifs (genre f-droid ou Aurora) existent déjà sur Android, est-ce qu'il s'agit « simplement » de ne pas afficher d'avertissement de sécurité à l'installation d'un store habilité ? (genre avec un système de signature ?)
Finalement, que ce soit Google ou Apple, ça reste une bonne nouvelle, in fine ça devrait déboucher sur plus de choix, d'interopérabilité, et moins de dépendance aux big techs. Mais ils ne lâcheront pas leur poule aux œufs d'or si facilement, il faut s'attendre à beaucoup de mauvaise foi et de dark patterns ...
Le 08/10/2024 à 16h11
En tout cas, ça va dans le bon sens.
Modifié le 08/10/2024 à 17h17
Google doit s'ouvrir aux boutiques tierces, mais une fois cette durée passée, Google peut revenir à la situation antérieure ?
Le 08/10/2024 à 18h26
Elle concerne différentes décisions du juge qui permettent à la concurrence de s'imposer plus facilement sur Android. L'idée derrière est probablement que ces 3 ans suffiront pour que la concurrence s'installe. C'est ce que Martin a dû vouloir résumer par "de façon effective".
Le 08/10/2024 à 20h20
Modifié le 09/10/2024 à 03h13
Donc je ne comprends pas trop. Google n'empêche nullement l'installation de stores alternatifs, c'est juste que Google ne les référence pas sur son propre store... mais bon, pas sorcier et long d'installer un apk...
Le 08/10/2024 à 20h50
Le 09/10/2024 à 09h54
Or pour moi c'est presque un mensonge, ou alors une vision très restreinte de la "sécurité" .
F-Droid mentionne les trackers, les pubs, les anti-features... chose que le Play store ne fait pas bien sur.
Sur le Playstore tu peux avoir des apps moisies blindés de pub & de mouchard, ça passe. Par contre, va essayer de publier une appli qui peux enregistrer des vidéos youtube genre newpipe et là c'est le ban. De même , on ne compte plus les safenet, anti-root, certif ... qu'ils mettent, versions après versions, pour entraver tout usage non souhaité...
Donc pour eux, quand ils parlent de sécurité, il faut l'entendre d'abord comme la sécurité de leur modèle de financement...
Bon point cependant , effectivement sur android les manips sont parfois complexes et découragés mais restent possibles, contrairement à Apple.
Modifié le 10/10/2024 à 18h25
"Donc pour eux, quand ils parlent de sécurité, il faut l'entendre d'abord comme la sécurité de leur modèle de financement..."
Tout à fait & bien vu
En effet, le pognon est toujours le nerf de la guerre, plus pour d'autres que certains,
Apple, étant le roi au sommet de la cupidité absolue, assis depuis des années sur un montage de $$$ (littéralement), ne sachant même quoi en faire... ha si sauf bruler pour US$ 600 milliards d'actions en 10 ans pour faire plaisir aux banques et autres hedge funds.
Même pas capable de fabriquer un véhicule électrique après 5-7 ans de développement et des pointures débauchées à prix d'or (Volkswagen, BMW,...) alors que :
.
batterie + interrupteur @piloté par iPhone + moteur électrique = voiture électrique, non ?)
Bref... plus on gagne du pognon, plus en veut encore plus...